Précédés d'une préface, où Dumas se réfère au Mémoires de M. D'Artagnan (1700) de Courtilz de Sandras et affirme que, restituant un manuscrit inconnu par lui à la Bibliothèque royale, il n'invente rien, les 67 chapitres racontent l'histoire du jeune Gascon D'Artagnan venu chercher fortune à Paris en 1625, sous le règne de Louis XIII, muni d'une lettre de recommandation de son père pour M. de Tréville, commandant des mousquetaires du roi. A la suite d'un triple duel qui s'achève par un combat commun entre les gardes du cardinal de Richelieu, ennemis traditionnels des mousquetaires, il devient l'ami de Porthos, de son vrai nom du Vallon, D'Athos, comte de La Fère, ruiné par un calamiteux mariage avec une aventurière, et d'Aramis, le chevalier d'Herblay, dont la vocation mystique fut contrariée par la galanterie. Admis dans leur compagnie, il se trouve par hasard aux prises avec la perfide milady de Winter, redoutable agent du cardinal, qui s'avère être l'ancienne épouse d'Athos. D'Artagnan tombe amoureux de Constance Bonacieux, dévouée femme de chambre de la reine Anne d'Autriche. Celle-ci a offert à son amant, Georges Villiers, duc de Buckingham, douze ferrets en diamant, présent du roi. Richelieu, qui veut perdre la reine, suggère à Louis XIII qu'elle se doit de porter les ferrets au prochain bal de la cour. Nos quatre héros partent pour l'Angleterre. Après de multiples péripéties, d'Artagnan rapporte les ferrets et sauve ainsi la reine. Alors que les mousquetaires se couvrent de gloire au siège de La Rochelle, Milady tente de supprimer Buckingham, allié des protestants. Le quatuor l'emprisonne, elle s'évade, fait assassiner le duc et empoisonne Constance. Les quatre compagnons, aidés de lord Winter, frère du mari qu'elle a tué, lui font expier ses crimes en la livrant au bourreau de Béthune. D'Artagnan, réconcilié avec Richelieu, est promu lieutenant. Athos se retire à la campagne, Porthos se marie et Aramis se fait abbé.
Si l'essentiel de la trame romanesque obéit à la péripétie et du rebondissement, les sept premiers chapitres rassemblent de manière exemplaire les personnages, leur contexte et le climat de l'époque. Les quatre mousquetaires nous sont présentés avec une remarquable économie de moyens dans un roman souvent considéré comme le chef-d'oeuvre du roman d'aventures historiques. « Athos est un héros de roman pour la générosité; Porthos, une nature excellente, mais facile à influencer; Aramis, un visage hiéroglyphique, c'est-à-dire toujours illisible. Que produiront ces éléments quand je ne serai plus là pour les relier entre eux ? » ces propos de d'Artagnan, prononcés à la fin de Vingt Ans après éclairent les rapports structurant le quatuor. Ces héros jeunes élaborent également un roman de la mémoire, profondément dans notre histoire nationale. Cette intime vérité s'accomplit par les mensonges, ce moteur de l'imagination. Le miracle réside dans cette affabulation victorieuse. La critique contemporaine a su reconnaître l'intérêt du roman, y déceler son étonnante polysémie. Mais le projet dumasien dépasse le seul plaisir du bonheur romanesque. Il s'agit de « saisir par la fiction le drame de la France dans ses scènes primordiales » (C. Schopp) Soit, selon la formule bien connue, de violer l'Histoire pour lui faire de beaux enfants. Le roman est un leurre pour piéger l'Histoire, la rendre vivante et compréhensible. Ainsi, le cycle des Mousquetaires, comme celui inauguré par la Reine Margot (1845) et celui des Mémoires d'un médecin (1846-1855) est-il l'autre volet d'un diptyque idéal, où sa diachronie ferait écho à la synchronie de la Comédie humaine de Balzac.
Le succès des Trois Mousquetaires fut tel que Dumas, toujours avec l'aide d'Auguste Maquet, écrivit Vingt Ans après, suite des Trois Mousquetaires, publié en feuilleton dans le Siècle. Ensuite vint le Vicomte de Bragelonne.
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