vendredi 7 décembre 2012

Théâtre




A Nature
1 Ses éléments
-un auteur appelé dramaturge
-une pièce qui appartient à différents genres dont les plus répandus sont la tragédie, la comédie et le drame.
-un décor qui contribue à créer le spectacle : celui-ci doit donner l’illusion d’une union parfaite entre le réel et l’imaginaire
-des acteurs et un metteur en scène, le médiateur qui concrétise la réalité du texte écrit en texte représenté sur scène. S’en suit la polémique de libre adaptation ou fidélité absolu au texte.
-un public qui est dans une situation différente du spectateur de cinéma car on lui demande d’être complice de toutes les conventions qui règlent la manifestation théâtrale (cf le point A.2)
2 Sa spécificité
-le théâtre est un art vivant. Alors que le roman nécessite une lecture individuelle, le théâtre a besoin de médiateurs et d’un public pour vivre. C’est donc un texte dialogué liée à une création collective, en dehors de laquelle il n’existe pas. Le théâtre est avant tout fait pour être représenté sur scène.
-les impératifs scéniques concourent à renforcer sa spécificité. Pour réaliser une pièce dynamique qui se laisse regarder sans ennui, il faut des rebondissements et une action très concentrée. Tout doit être exprimé par les personnages et la mise en scène, aidée par les didascalies.

B Ses personnages
1 les différents genres
-les fantoches et les marionnettes :  par exagération, stylisation de la mimique humaine, par simplification des traits de caractère. Ils servent à  créer des situations comme la farce, le vaudeville, le mélodrame . Ils servent aussi à cristalliser des sentiments sommaires comme l’amour, la haine, la sympathie (Guignol, Colombine, le traître)
-le personnage symbolique qui n’est pas déshumanisé. Il incarne un trait qui provoque une émotion ou une idée. Il est grossi pour porter l’effet au maximum. Il éveille ainsi l’émotion collective, la sympathie. Il coïncide avec une idée véhiculée par l’auteur (cf les personnages raisonneurs de Molière par exemple). C’est un personnage épique, symbole d’un temps, d’une classe sociale ou d’un idéal moral, social (cf Hernani de Victor Hugo, Cyrano de Edmond Rostand)
-les individus (cf Hamlet, Alceste, Tartuffe, Phèdre) qui tirent leur originalité d’une histoire, d’un mythe ou d’une création de l’auteur. Ils sont individualisés, vivants et ont une forte personnalité.

2 leurs caractéristiques
-les personnages de théâtre sont plus simplifiés que ceux de roman car on ne nous donne pas toute leur vision du monde, un portrait physique, psychologique et social complet mais surtout leur conflit essentiel avec ce qui les entoure. On ne nous les peint qu’à un moment, ils ont une psychologie de crise, non de durée, s’incarnent en une action et peuvent auparavant, rester dans l’ombre.
-ils sont soumis plus étroitement aux règles de la bienséance car le théâtre est un divertissement social et collectif. En somme, il ne faut pas d’acte de barbarie sur scène.

C Ses fonctions
1 Divertir
-la première fonction est lié étroitement au spectacle qu’offre le théâtre. Il s’agit avant tout de rompre avec le quotidien et la vie réelle, de subir des chocs émotifs, d’être enchanté en quelque sorte.
- Il s’agit d’un divertissement : c’est cette fonction qu’illustrent surtout les fééries, le fantastique, la fantaisie. Le public doit ressentir des émotions.
2 Offrir un miroir
-le théâtre veut représenter aussi la réalité la plus exacte (drame bourgeois, théâtre réaliste du XIXème siècle), c’est-à-dire une image révélatrice du monde et de l’homme. Le théâtre est plus privilégié que les autres genres pour explorer l’âme humaine (cf représentation des mœurs chez Molière)
-le théâtre exprime aussi l’affrontement de l’homme avec son destin (en particulier dans la tragédie) et en offre une image révélatrice.
-ce miroir est nécessairement déformant puisque l’art est une «vérité choisie » (Vigny), d’autant plus quand il s’agit de théâtre qui obéit à des conventions, des codes. C’est pourquoi le théâtre « n’est pas le pays du réel » mais « le pays du vrai » (Victor Hugo). Le théâtre tend vers le vraisemblable et représente un réel stylisé, épuré, voire onirique. La représentation du monde passe par un filtre car on ne peut pas hélas tout représenter.
3 Enseigner
-représenter des idées dans les pièces à thèse où l’on fait la démonstration d’une idée par l’action et l’évolution des personnages, que cette idée soit d’ordre politique ou moral.
-en effet, le théâtre a toujours paru « un art civilisateur au premier chef dont la portée est incalculable, quand il a pour base la vérité, pour but la morale, pour auditoire le monde entier » (Alexandre Dumas)
-danger de cette volonté d’enseigner :  celui du sermon moralisateur
-il faut donc que le théâtre pose des questions sur le monde, plutôt que d’apporter des réponses.

4 Opérer une catharsis (une sorte de défouloir pour se soulager dans un but bénéfique)
-de l’auteur qui exprime ses fantasmes, projette sur la scène son univers.
-du spectateur, qui effectue une prise de conscience et peut améliorer sa maîtrise de soi. Le théâtre est ainsi une sorte de vitrine à conseils (et non donneuse de leçon pour éviter le côté moralisateur) : voilà ce qu’il faut faire et ne pas faire sinon voilà les conséquences.
Toutes ces fonctions (didactiques, critique, libération, enchantement…) ne sont pas incompatibles et se combinent pour former la richesse culturelle du théâtre.

D Ses problèmes
1 le théâtre n’est-il que langage ?
-le langage théâtre repose sur des paroles (dialogues, monologues), des silences. Obéit-il à un souci de réalisme ou d’une stylisation poétique, compte tenu de l’intérêt mnémotechnique de la versification, de la mise en valeur de la pensée par le vers ? La forme ne serait-elle pas trop rigide pour exprimer pleinement la pensée ?
-le langage théâtral offre des ressources. Il est action : au théâtre, agir c’est parler. Le langage suffit pour rendre présents tous les évènements qu’on ne voit pas. Il crée le décor, réaliste ou poétique, et même le spectacle.
-il faut tenir compte aussi de la mise en scène, du jeu des acteurs, des effets scéniques et du public.
2 le théâtre est-il moral ?
-il est amoral, indifférent : parce que certains genres sont trop loin de la réalité pour nous toucher (ex : mime, farce), parce que le théâtre n’a pour but que le divertissement et meurt d’intentions moralisantes (drame bourgeois de Diderot). Mais le théâtre en tant que spectacle émeut et cette émotion a une valeur morale : il montre en général de grands conflits psychologiques et moraux qui ne peuvent nous laisser indifférents moralement, d’autant qu’ils suscite des réactions collectives qui influent fortement sur l’individu.
-il est immoral : par le spectacle même, son aspect profane, montrant la beauté et l’immoralité des acteurs . Par sa nature, le théâtre émeut nos passions et nous pousse à les considérer comme bonnes et souhaitables.
La tragédie représente et exalte la partie déraisonnable et instable de notre âme (Platon), la comédie ridiculise la vertu (Rousseau) et fait aimer le vice (ex : la sympathie pour les personnages rusés et les trompeurs chez Molière. Mais l’excès de vertu n’est-il pas un vice ?
-il est moral : pour l’individu par exemple dans la purification des passions dans la tragédie, par sa valeur d’avertissement fait connaître l’homme et la vérité ; sa valeur de leçon (vice puni ou pris en horreur ; pitié pour les bons ou exaltation de la vertu, héroïsme…) Pour l’individu et la société, il moral d’une part à cause de la bienséance, d’autre part parce que le théâtre est une forme de vie sociale raffinée par elle-même, civilisatrice, qui calme les passions par la substitution du spectacle à l’action. Il met en contact le public avec les conflits humains les plus élevés.
3 Représentation ou trahison ?
Au XXème siècle, la mise en scène allait vers de plus en plus d’autonomie par rapport au texte. Le risque grandit de trahir l’intention originelle de l’auteur. Certaines mises en scène ont provoqué de vives critiques. Cette polémique est-elle liée  à celle de toute lecture d’une œuvre : quand est-elle ou n’est-elle plus légitime ? Claude Lévi-Strauss déclare : « Je ne supporte pas qu’un metteur en scène ou des acteurs traitent l’œuvre d’autrui comme la matière première à la leur. » Mais où placer la limite ?

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